Alcôves maritimes
Dans les alcôves maritimes
Nos fiancées se languissent.
Serons-nous bientôt des hommes
Aimants à leurs côtés ?
Ou des mutants à genoux
Implorant sans espoir la manne matérialiste
Qui jamais n’étanchera nos soifs d’absolu.
Manifeste poétique pour un monde à co – naitre
Dans les alcôves maritimes
Nos fiancées se languissent.
Serons-nous bientôt des hommes
Aimants à leurs côtés ?
Ou des mutants à genoux
Implorant sans espoir la manne matérialiste
Qui jamais n’étanchera nos soifs d’absolu.
T’en souviens-tu, mon amour
Comme nous étions en temps de paix ?
Ta tête simplement penchée sur mon épaule
Nous contemplions rêveurs les tourbillons nacrés
Qui toujours naissent et meurent de la surface des torrents puissants.
« Nous sommes en paix, ici et maintenant » m’avais-tu dit.
Mon sourire acquiesçait.
Depuis longtemps déjà,
ma muse s’amuse à me susurrer des mots d’amour
dans sa langue que je ne comprends guère.
Aveugle et sourd en mon royaume,
Je hume pourtant la vie qui sourd de terre
Résurgence têtue, impassible aux tourments
de la surface agitée des êtres en mouvement.
Dans le jardin d’Eden
Ton souffle ה sur le miroir
d’une légère buée colora
Nos reflets entrevus à peine
Où le serpent s’était-il caché ?
Auprès de l’Arbre était-il lové ?
Mon Amour, ma promise, je t’ai vue nue
De nous qu’est-il advenu ?
Quand Aleph א se sent seul (ce qui lui arrive parfois), aussitôt pressent-il le besoin du multiple.
Mais le corps n’est-il pas un, et indivisible ?
ET ALEPH N’EST-IL PAS LE CORPS, LE CORPS TOUT ENTIER ?
Si Aleph se le permettait, il écrirait bien cette question en lettres de feu, mais cela supposerait qu’il y ait d’autres lettres, pour pouvoir écrire la question.
Or Aleph est seul avec lui-même!
La seule chose qui lui semble permise, c’est de s’écrire lui-même en boucle, un certain nombre de fois : Aleph, Aleph, Alep, Ale, AL, A !
Et encore, Aleph doute-t-il de cette possibilité : s’il est le corps, un et indivisible, est-ce qu’il ne lui est pas interdit de se multiplier, même si c’est encore avec lui-même ?
S’il devient deux, trois ou plus, alors il n’est plus Un, mais déjà multiple (bien que la question se pose : être multiple de soi-même, est-ce vraiment être multiple ?)
Alors Aleph a le bourdon, le bourdon de Beith ב, par qui tout a commencé.
Et c’est là que les choses deviennent vraiment compliquées. Presque à perdre la raison.
Énonçons le problème :
– Le Deux suit le Un, mais c’est par le Deux que le Monde a été créé, car du Un, unique et indivisible, rien ne peut suivre.
– C’est donc par Beith que le monde est créé.
– Toutefois, chacun sait (qui sait compter) que le Un précède le Deux, et par conséquent qu’Aleph précède Beith dans l’Alphabet (pardon l’Aleph-Beith), ce que chacun sait (qui sait lire).
La question, brûlante, est donc : COMMENT PASSER DU UN AU DEUX, De l’Aleph au Beith ?
Aleph est alors bien ennuyé, pour autant que la possibilité d’un ennui lui soit offerte.
Le vrai problème, c’est qu’il prend toute la place : le corps un et indivisible sature l’espace, de lui-même et avec lui-même.
Il n’y a donc plus qu’une seule solution, évidente : faire de la place – du vide – en lui-même, afin de laisser une potentialité au multiple d’advenir.
Ce vide, n’est-ce donc pas le zéro ?
Une possibilité de réponse à la question d’Aleph s’entrouvre alors :
– POUR PASSER DU UN AU DEUX, IL FAUT FAIRE UN DÉTOUR PAR LE ZÉRO.
Pourtant, chacun sait (qui a appris à compter) que le Zéro précède le Un, qui précède le Deux ?
On dirait que le mystère s’épaissit encore, et qu’Aleph doive rester longtemps encore avec sa question, en suspension …
Claire est pure comme l’eau
Du moins c’est ce qu’elle en dit, de l’eau comme de Claire.
Les intentions de Claire sont pures, à défaut d’être simples:
Claire voudrait mettre le cap à l’Ouest, là où les rêves sont plus brillants
Mais entre Claire et l’Ouest il y a l’océan, terrifiant!
Le regard de Claire, si clair, se porte alors vers l’Est, où paraît-il se lève le soleil.
En suivant Claire qui glisse vers l’Orient
Le soleil glisse aussi, imperceptiblement.
Le Nord sera trop froid, et le Sud si chaud!
Claire la pure au regard clair, pourras-tu un jour poser tes bagages ?
Et dire une fois pour toutes: ici et maintenant est chez moi!
Pourrais-je un jour me pardonner ?
D’être né
divisé
De n’être pas unifié
D’être si peu purifié
Né homme
en somme
Si haut et si bas
à la fois.
La douleur, mon âme, je la connais!
Imperceptiblement glissée dans ma mémoire.
Dans la fêlure nostalgique qui toujours est glissée
au rendez-vous de moi-même.
Mon âme: une amie rend visite à un être cher
Et il ne serait pas courtois de lui manquer plus longtemps.
A mon cœur, ce léger pincement
Si délicieux et si douloureux…
Devant, et au détour de chaque nuage
Que le soleil éclaire
Un frisson sur ta peau je pressens.
Léger frémissement de l’air en suspens,
Tu as cillé un instant.
L’éternité était derrière des paupières.
Ceci est le manifeste poétique de la Terre en Feu ש
En feu signifie que tout brûle intérieurement, maintenant et toujours.
Quelque soit la température initiale: tempérée , froide, humide ou bien sèche, cela finira consumé par le feu.
Par le feu intérieur, ni très chaud, ni très froid. Feu, tout simplement.
Même la tiédeur deviendra brûlante, car ceci est le manifeste poétique de la Terre en Feu.
L’amour comme la haine, de tiède deviendront brûlants.
Nous sommes des tisons, des braises, même recouvertes de centaines de mètres de pourritures tièdes ou, pire encore, presque refroidies.
Le manifeste de la Terre en Feu signifie que le septième ciel est ici en nous, inaliénable quoi qu’intolérable, pour tout homme ou femme né sur cette terre.
Je vois les flammes qui nous consument, et j’apprécie le brasier à sa juste valeur : il élimine les scories, regrets et tiédeurs inappropriées.
Shin ש, dent de feu qui broie l’inessentiel, merci de m’être apparue.